Une infirmière qui ne craint pas d’innover!
Dans chaque numéro de votre infolettre, nous vous présentons un membre du personnel de notre organisation. Ce mois-ci, faites connaissance avec Louise Vendette, une infirmière qui a développé, au fil des années, un lien particulier avec les poupées… les poupées-bébés thérapeutiques!
Madame Vendette, vous êtes une infirmière d’expérience à l’Hôpital Sainte-Anne. Vous pouvez nous raconter vos cheminements académique et professionnel?
« J’ai décroché un diplôme d’études collégiales en soins infirmiers, au Collège de Bois-de-Boulogne, en 1993. Auparavant, de 1981 à 1983, j’ai suivi le programme de formation d’infirmière-auxiliaire à l’École Pierre Dupuy, à Montréal. C’est d’ailleurs en 1983 que j’ai eu mon premier contact avec le réseau de la santé, alors que j’ai débuté ma carrière dans un rôle de préposée aux bénéficiaires à l’Hôpital Sainte-Anne, auprès des vétérans. Pendant plusieurs années, j’ai aussi œuvré simultanément comme infirmière-auxiliaire dans quelques centres d’hébergement et de soins de longue durée ainsi qu’à l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal et à l’Hôpital Santa Cabrini.
À compter de 1993, une fois devenue infirmière licenciée, j’ai agi comme assistante infirmière-chef de jour, puis chef d’équipe, lors du quart de soir, à l’Hôpital Sainte-Anne. L’année 2023 marquera donc mes 40 années dans le réseau de la santé et des services sociaux, soit 30 à titre d’infirmière et 10 dans les fonctions de préposée aux bénéficiaires et d’infirmière auxiliaire.
Après une première retraite prise en 2018, je suis revenue à l’Hôpital Sainte-Anne en mai 2020, soit dans les premiers mois de la pandémie, à raison de sept quarts de travail par quinzaine, toujours en soirée. »
D’où vient ce désir profond de continuellement prendre soin des autres?
« Cela remonte à bien longtemps! À l’âge de quatre ans, je me souviens que j’aidais une voisine d’un certain âge, atteinte d’un handicap physique, à traverser la rue. J’ai toujours eu en moi un côté humaniste très développé. Aider les autres, chercher à comprendre leur réalité, c’est en quelque sorte un appel du cœur, chez moi. Et après toutes ces années, je suis toujours habitée par cette flamme.
Je compte bien œuvrer auprès des résidents de l’Hôpital Sainte-Anne pendant encore cinq ans, et ainsi atteindre 45 années de service passées dans le réseau de la santé. »
À quoi ressemble une soirée typique sur une unité de vie, dans le cadre de vos fonctions?
« Tout d’abord, à l’Hôpital Sainte-Anne, l’équipe soignante d’une unité de vie comptant 33 résidents se compose de deux infirmières et de trois préposés aux bénéficiaires, en soirée. Misant sur le travail d’équipe, nous accompagnons les aînés pour bien répondre à leurs différents besoins. Nous préconisons l’approche aux résidents pour leurs soins, la médication, le souper, la surveillance, etc. À plusieurs reprises pendant le quart de travail, nous effectuons des tournées de toutes les chambres de l’unité, et ce, afin de nous assurer que nos résidents soient confortables. »
Vous avez implanté une activité thérapeutique bien particulière à l’Hôpital Sainte-Anne. Vous pouvez nous raconter de quoi il s’agit et l’origine de cette mise en œuvre?
« Un peu d’histoire pour commencer. Au début des années 90, j’ai découvert l’approche thérapeutique par la poupée, ou doll therapy, utilisée aux États-Unis et en Europe auprès de certaines personnes aînées. Plusieurs années plus tard, soit en 2013, l’idée m’est venue d’en fabriquer une pour ma mère qui souffrait d’épisodes dépressifs. Comme celle-ci avait une collection de poupées alors qu’elle était enfant, je me suis dit que cette approche pourrait peut-être lui apporter un certain réconfort.
Constatant les bienfaits importants de ce type de thérapie sur ma mère, j’ai alors partagé ma découverte avec Lorraine LaFrance, une infirmière clinicienne en poste à l’Hôpital Sainte-Anne, à l’époque. En vue d’une possible implantation de cette démarche non pharmacologique, nous avons effectué plusieurs recherches cliniques sur le sujet. Satisfaites de nos trouvailles, nous avons développé, par la suite, un projet pilote sur une unité de vie, où quelques résidents avaient été soigneusement sélectionnés. Rapidement, cette approche a reçu un très bel accueil.
Graduellement, j’ai commencé à offrir de la formation à plusieurs membres du personnel ayant des contacts avec les résidents, y compris des travailleuses sociales, des techniciennes en éducation spécialisée, des techniciennes en loisirs et des préposés aux bénéficiaires. Aujourd’hui, à l’Hôpital Sainte-Anne, on retrouve une poupée thérapeutique sur pratiquement toutes les unités de vie. »
À quelle clientèle s’adresse cette approche thérapeutique et comment est-elle déployée?
« La poupée thérapeutique est une approche complémentaire de soins, comme le sont la zoothérapie, la musicothérapie, l’aromathérapie, la ludothérapie ou encore les chats mécaniques. Cette approche s’adresse aux personnes âgées hébergées en CHSLD en perte d’autonomie, souffrant d’agitation ou d’anxiété ou présentant un déficit cognitif comme la démence ou la maladie d’Alzheimer.
Pour sélectionner les participants, on tient compte notamment de leurs résultats obtenus au test de Folstein, communément appelé le Mini Mental. Ce test est utilisé pour le dépistage et le suivi de la démence, et permet d’évaluer différentes facultés comme l’attention et le calcul, l’orientation dans le temps et l’espace, la mémoire, et autres. Une importance est aussi accordée à l’affection que portent les candidats aux bébés et aux enfants.
Les séances avec les poupées thérapeutiques peuvent se dérouler en groupe ou individuellement, toujours en présence d’un membre du personnel ayant reçu la formation. La durée des séances varie de 20 à 30 minutes, selon la disponibilité du personnel de l’unité de vie ou du Service des loisirs. »
Et quels sont les bienfaits de cette approche auprès des participants?
La thérapie par la poupée est une activité douce, calme et humaine qui, entre autres, diminue l’anxiété, brise l’isolement et réduit les périodes d’insomnie. C’est aussi une activité qui stimule la mémoire affective par le sens du toucher, de l’odorat et de la vue. Elle éveille les souvenirs et les sentiments de la personne aînée, ce qui favorise sa communication verbale. La poupée apporte à la fois joie, réconfort et accompagnement aux résidents. Elle constitue aussi un outil de travail fort utile pour le personnel soignant et les proches aidants. »
Madame Vendette a gentiment accepté de nous partager quelques facettes de sa vie personnelle…
Vous pouvez nous parler un peu de vous, de votre famille?
« Je suis la fière maman de deux grands enfants. Ma fille Sarah est âgée de 33 ans et mon fils, Sacha, a maintenant 26 ans. Ce dernier m’a récemment fait la plus belle des annonces. Sa conjointe et lui attendent la venue d’un bébé en avril 2023. Je serai donc grand-maman pour la première fois, ce qui me comble de bonheur! »
Vous avez un talent caché?
« Comme je connais très bien l’Iran, je parle la langue persane, et j’aime bien cuisinier des mets typiques de ce pays. »