Rencontrez Lina Akkoum, du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, une hygiéniste dentaire au sein de la Direction des services d’hébergement. Affichant un profond respect à l’égard des personnes âgées, elle veille avec empathie sur leur santé buccodentaire, une composante importante de leur bien-être. Madame Akkoum mise sur la confiance mutuelle, tout en préconisant une approche personnalisée souvent garante d’une qualité optimale de soins préventifs et curatifs.
Madame Akkoum, racontez-nous le parcours qui vous a mené à la profession d’hygiéniste dentaire?
« À l’époque où j’habitais mon pays natal, le Liban, j’étais dentiste. Lorsque j’ai immigré au Québec, en 2003, j’ai rapidement constaté que la profession connexe la plus facilement accessible pour moi était celle d’hygiéniste dentaire. Grâce à ma formation existante, certains cours m’ont été crédités au Collège de Maisonneuve, un établissement duquel j’ai obtenu un diplôme d’études collégiales en hygiène dentaire. »
Votre premier emploi lié à votre nouvelle carrière?
« Une fois mon diplôme collégial en mains et membre en règle de l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec, j’ai décroché un emploi dans une clinique dentaire privée, à Westmount. J’y suis demeurée pendant près de 17 ans. »
Et votre arrivée au sein de notre CIUSSS?
« Après toutes ces années dans le secteur privé, j’avais besoin de relever un nouveau défi. Comme j’ai une grande affection pour les personnes âgées, je m’imaginais bien poursuivre ma carrière auprès de cette clientèle. Par un heureux hasard, j’ai repéré une offre d’emploi sur le compte LinkedIn du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal. J’ai soumis ma candidature, puis j’ai décroché ce poste, il y a environ six mois. »
Quelles sont vos principales fonctions?
« Mon rôle consiste à effectuer des examens, des détartrages, le nettoyage ainsi que le marquage des prothèses dentaires. Je suis présente à l’Hôpital Sainte-Anne, au Centre d’hébergement Denis-Benjamin-Viger et au CHSLD Stillview, des milieux de vie gérés par notre établissement, en plus des CHSLD Manoir de l’Ouest-de-l’Île et Vigi Dollard-des-Ormeaux. Cela représente entre 700 et 800 personnes auxquelles je suis appelée à offrir des soins buccodentaires.
Avant de visiter une personne hébergée, je m’assure d’obtenir un portrait à jour de celle-ci sur le plan dentaire (avec dents, édentée, utilisation de prothèses, etc.). Lors de notre première rencontre, je cherche à établir une relation de confiance, tout en lui proposant des soins d’hygiène dentaire dont elle pourrait bénéficier. Avec l’accord de cette personne hébergée ou de ses proches, au besoin, ou encore de l’infirmière, c’est lors d’une deuxième visite que je procède.
Mes visites s’effectuent par unité de vie. Une fois celles-ci terminées, j’élabore un calendrier pour les interventions de nettoyage/détartrage/marquage et une liste par priorité des personnes hébergées qui nécessitent la visite d’un dentiste. J’en discute avec l’infirmière de l’unité et lui remet cette liste. Cette dernière remplit alors une requête qui est acheminée à un dentiste. Même si j’observe une routine de visites par installation, des ajustements sont souvent nécessaires en raison d’urgences.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez?
« La prestation de soins d’hygiène dentaire en CHSLD est généralement plus complexe qu’en clinique privée, en raison de l’état de santé de la personne hébergée. À titre d’exemples, les soins sont souvent prodigués au lit, lors d’un nettoyage il faut surveiller étroitement la quantité d’eau dans la bouche du résident, il est nécessaire de prendre des pauses fréquemment, etc. Bref, cet exercice est à la fois demandant physiquement et mentalement, et ce, autant pour la personne hébergée que pour moi.
Heureusement, je peux compter sur le soutien, entre autres, des infirmières et des préposés aux bénéficiaires. En échangeant avec ceux-ci, j’obtiens des informations précieuses (douleurs, refus d’alimentation, etc.) qui facilitent mon approche auprès des aînés. »
Et qu’est-ce qui vous allume dans vos fonctions?
« Comme je suis dans mon élément au contact des personnes aînées, mon travail m’apporte énormément, notamment sur le plan humain. Régulièrement, des infirmières ou des proches me partagent à quel point mes interventions font du bien à ceux et celles qui en bénéficient. Il arrive même que des personnes auxquelles j’ai offert des traitements me sourient et m’offrent des câlins lorsqu’elles me croisent. Le sentiment de contribuer au mieux-être de personnes vulnérables est très valorisant.
Aussi, dès mon arrivée au sein de notre CIUSSS, j’ai eu droit à un accueil fort chaleureux. Comme mes tâches s’effectuent surtout seule, j’apprécie la qualité de mes interactions avec les infirmières, les préposés aux bénéficiaires, les agentes administratives et autres. Tous ces collègues sont de véritables alliés pour moi. »
Madame Akkoum a gentiment accepté de nous dévoiler quelques facettes de sa vie privée…
Parlez-nous un peu de vous…
« Fille unique, je suis né à Beyrouth, la capitale du Liban, où j’y ai fait mes études en médecine dentaire. Alors que nos deux filles, Lynn et Lara, étaient en très bas âge, mon mari, aujourd’hui décédé, et moi avons choisi d’immigrer au Canada. Nous souhaitions offrir un environnement sécuritaire et un avenir davantage prometteur à nos enfants. Ma vie au Liban a sans cesse été marquée par les guerres. Je me souviens avoir étudié dans des sous-sols au son des bombes. Il n’était pas question que nos filles grandissent dans un tel milieu.
Après le décès de mon père, j’ai parrainé ma mère qui est venu nous rejoindre, en 2010. Aujourd’hui, mes filles, ma mère et moi habitons sous le même toit, à Laval. »
Pour vous détendre, vous optez pour…
« J’aime bien peindre des toiles à l’huile et confectionner des bijoux, tout comme faire des randonnées pédestres en groupe. Aussi, je cuisine beaucoup, souvent en compagnie de ma mère. Mes salades libanaises fattouche et taboulé sont, bien humblement, fort appréciées. »
Vous aimez voyager?
« J’ADORE! Surtout pour découvrir la vie des habitants au quotidien. L’Égypte, la Turquie, l’Espagne et le Portugal sont des pays que j’apprécie pour leurs richesses historiques et la diversité de leurs panoramas. Ma prochaine destination rêvée est l’Italie! »
« Dès mon arrivée au CIUSSS, j’ai eu accès à des formations fort pertinentes en lien notamment avec l’approche auprès de la personne aînée, la résolution de cas cliniques et le Programme québécois de soins buccodentaires et de soins d’hygiène quotidiens de la bouche », explique notre sujet-vedette que l’on aperçoit ici lors d’un voyage en Turquie.
« Peu après la terrible explosion qui a secoué le port de Beyrouth, le 4 août 2020, et qui a fait plus de 200 morts et 6 500 blessés, je me suis rendue à trois reprises dans mon pays natal afin d’apporter mon soutien. J’ai même vendu certaines de mes toiles et remis les fonds amassés à la Croix-Rouge », relate madame Akkoum qui se dit préoccupée par les tristes événements qui touchent actuellement le Liban.