DIFFÉRENCES ENTRE UNE MA ET UN CHSLD TRADITIONNEL
La Maison alternative (MA) Dorval est un milieu de vie et de soins de longue durée adapté à une clientèle adulte (18 ans et +) vivant une situation de handicap en raison d’une déficience intellectuelle, d’un trouble du spectre de l’autisme et/ou d’une déficience physique (DI-TSA-DP) et ayant besoin de soins de santé et de services d’adaptation et de réadaptation importants. Comme les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) traditionnels, elle se positionne en fin de continuum des milieux de vie.
Elle se distingue des CHSLD, notamment par :
- L’approche centrée sur le résident, le respect de ses préférences et de son rythme naturel;
- L’utilisation des technologies de pointe en contexte d’évaluation et d’intervention cliniques;
- L’intégration renforcée de la famille, des proches, des bénévoles et même de la communauté dans le milieu de vie;
- L’environnement physique : L’installation est neuve et aménagée selon les principes d’avant-scène et d’arrière-scène. Les résidents circulent librement à l’avant-scène, c’est-à-dire les espaces de vie. Tous les locaux de soutien sont dissimulés à l’arrière-scène.
Vous trouverez ci-dessous quelques exemples concrets visant à illustrer ces différences.
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Adaptation à l’horaire, au rythme naturel et aux préférences du résident
- En MA, la médication à faible risque est entreposée dans chacune des chambres individuelles plutôt que dans un chariot à médicaments. Ainsi, l’infirmière auxiliaire ne fait pas de tournée pour l’administration de la médication du matin. Elle se rend plutôt dans chacune des chambres, au chevet des résidents qui sont éveillés, déverrouille l’armoire à médicaments et administre la médication.
- Afin de continuer à respecter l’horaire qu’ils avaient avant d’arriver à la MA, plusieurs résidents désirent se laver au même moment. L’équipe de préposés aux bénéficiaires propose de réorganiser l’horaire des soins d’hygiène de la journée afin de respecter au mieux les demandes de chacun. Chaque chambre étant équipée d’une salle de bain complète et privée, les soins d’hygiène peuvent être données par des préposés différents, séparément et au même moment.
- En MA, l’équipe respecte les heures naturelles de sommeil et d’éveil des résidents. À titre d'exemple, le préposé au pavillon s’aperçoit que l’un des résidents vient de se réveiller vers 10 h. Il cogne à la porte pour s’annoncer et lui dire bonjour. Comme le résident n’est pas apte à choisir ses vêtements lui-même, le préposé au pavillon prépare un ensemble de vêtements et avise son collègue préposé aux bénéficiaires que le résident sera prêt à se vêtir dans quelques minutes.
- Lors d’un appel de service, le préposé à la buanderie reçoit une demande d’un résident qui aimerait se vêtir de sa chemise favorite pour la visite de ses enfants le lendemain. La chemise est dans la poche de vêtements souillés. Le préposé va recueillir le vêtement désiré pour l’ajouter à un lavage et permettre au résident de l’avoir à temps pour la visite de ses proches.
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Utilisation des technologies en contexte de surveillance clinique
- Certains équipements utilisés en MA, comme les moniteurs physiologiques, sont connectés en réseau Wi-Fi. Ils permettent de téléverser les valeurs quotidiennes de certains paramètres directement aux dossiers des résidents et d’en dégager des tendances. Ce matin, l’infirmière augmente la surveillance d’un résident en constatant une corrélation entre certaines observations cliniques (ex. œdème aux membres inférieurs, essoufflement) et certaines tendances graphiques à la hausse dans le dossier informatisé (ex. fréquence cardiaque et tension artérielle).
- Au quotidien, l’infirmière auxiliaire utilise un moniteur physiologique connecté au réseau Wi-Fi pour la prise de signes vitaux. Les données sont téléversées directement dans les dossiers électroniques des résidents.
- Un résident est retrouvé au sol pendant la nuit par le préposé aux bénéficiaires lors de la tournée visuelle. En consultant les dernières minutes de l’enregistrement vidéo de la caméra de la chambre de ce résident, l’infirmière constate qu’en tentant de se lever par lui-même, le résident s’est accroché dans les chaussures laissées sur le sol près du lit. Grâce à cette observation, il est possible de cibler les actions préventives pour le futur.
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Intégration de la famille, des proches et des bénévoles
- Une toute nouvelle résidente, arrivée à la MA il y a 5 jours, a de la difficulté à s’adapter à son nouvel environnement. Une bénévole qui connait cette résidente depuis plus de 10 ans est sur place pour offrir du réconfort. Elle partage à la préposée aux bénéficiaires les différentes approches qu’elle utilise pour habiller la résidente. La préposée apprend ainsi que la résidente a une routine très spécifique et qu’elle ne tolère pas, par exemple, qu’on lui mette le bas gauche avant le bas droit. La préposée apprend ainsi toute la séquence d’habillage de la nouvelle résidente afin de diminuer l’inconfort.
- Un nouveau résident présente des difficultés d’adaptation. Il est constamment anxieux, démontre de la tristesse et ne collabore pas aux différentes transitions. La préposée aux bénéficiaires en parle avec les infirmières. Ensemble, elles rencontrent la famille et prennent connaissance de l’histoire de vie et des habitudes du résident. Elles élaborent par la suite un plan d’intégration personnalisé, qui prend acte de la difficulté du résident avec les transitions. Depuis, les membres de l’équipe préviennent le résident avant d’effectuer une tâche ou une intervention, et ce dernier a retrouvé le sourire.
PROFIL ISO-SMAF DE LA CLIENTÈLE
Les résidents des maisonnées alternatives ont des profils Iso-SMAF (Système de mesure de l'autonomie fonctionnelle) de 10 à 14, malgré un diagnostic primaire de DI ou de TSA. Ces profils présentent des pertes d’autonomie importantes sur les plans physique, sensoriel ou cognitif qui doivent être compensées par les soins et services dispensées au sein de l’installation d’hébergement. Une forte proportion de la clientèle admise en MA n’aura pas de DI-TSA, mais uniquement un profil de lourde perte d’autonomie physique (DP).
Vous trouverez ci-dessous quelques exemples de profils de la clientèle.
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Exemple profil iso-SMAF 10
LUC a 27 ans et vit avec une déficience intellectuelle. Il a la maladie de Crohn et est porteur d’une stomie depuis 5 ans. Il vivait jusqu’à tout récemment dans une ressource intermédiaire, mais le milieu n’est plus adapté à ses capacités. En effet, une perte d’autonomie s’est aggravée à la suite d'un trauma crânien subi dans la dernière année. Le jugement de Luc est pauvre; il ne perçoit pas les dangers et peut être impulsif dans certaines situations.
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Exemple profil iso-SMAF 11
Mme TREMBLAY, 59 ans, est atteinte de sclérose latérale amyotrophique (SLA) sous la forme de développement la plus rapide. Mme était directrice d’une école primaire jusqu’à ses 56 ans. La main droite et le coude droit de Mme Tremblay sont complètement flasques et aucun mouvement actif n’est possible. Elle est alimentée sous texture purée, avec positionnement adapté, surveillance lors de repas et utilisation d’un ustensile adapté. Mme nécessite une aide importante et l’utilisation de la chaise de douche pour les soins d’hygiène. L’ensemble de ses fonctions cognitives sont préservées.
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Exemple profil iso-SMAF 14
Mme DICAPRIO, 52 ans, était complètement autonome avant de subir un AVC massif à l’automne 2022. Elle est mère de 2 adolescents et conjointe d’un promoteur immobilier. Le retour moteur de Mme est très faible et ses capacités fonctionnelles demeurent extrêmement limitées. Les proches tiennent à ce que Mme soit orientée dans un milieu de vie lumineux, stimulant et adapté à son âge. Mme est atteinte d’aphasie sévère et doit utiliser le lève-personne pour tous les transferts.